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Haïti, un peuple en danger

Crédit photo : Kristina Just

L’évolution de la situation politique, économique et sécuritaire en Haïti, avec l’assassinat de son Président de la République, le 7 juillet 2021, pose inéluctablement la question du devenir de ce pays car un constat s’impose : le peuple Haiitien est en danger.

Nul ne peut ignorer l’état d’extrême déliquescence de l’appareil d’état en Haïti, dont témoignent les conditions de la mort de son Président ; les Institutions de la République Haïtienne ne sont plus en mesure de fonctionner et d’apporter aux citoyens le minimum de services dû à une population : la préservation de sa sécurité.
Tous les rapports et études faits par des Institutions autant privées que publiques concourent pour décrire le chaos sécuritaire, sanitaire, politique et économique dans lequel se trouve le pays (Banque Mondiale, Organes des Nations Unies, Human Rights Watch).
La récente lettre de démission de l’envoyé spécial des Erats Unis en Haïti, M. Daniel Foote explicite encore la tragédie que vit le peuple Haïtien laissé aux mains de gangs mafieux.
N’y a t-il aucun moyen de mettre un terme à ce calvaire ?

Assurément si !

Le Conseil de Sécurité de l’ONU peut, en application du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décider de mesures propres à faire cesser la menace contre la paix que constitue le chaos actuel sévissant en Haïti, en assurant la présence d’administrateurs civils, de forces de police et de militaires,

Nous avons eu, dans un passé récent, au sein de l’Europe, dans les Balkans, au Kosovo notamment, l’exemple d’une telle solution avec la Résolution 1244 du 10 juin 1999 qui autorisa un déploiement militaire et civil dans ce qui était la province Serbe du Kosovo; cette décision s’est traduite en particulier par la création d’une force militaire, la KFOR , et d’une Mission d’Administration Intérimaire.

L’objectif de cette Résolution était de stabiliser la Région, de maintenir la paix entre les différentes factions et de mettre en place une structure politique ainsi qu’une administration civile temporaires avec de larges pouvoirs de police.

Si les difficultés rencontrées furent nombreuses, ce mécanisme a atteint son but principal, le maintien de la paix et de la sécurité des populations et a permis une évolution vers un transfert de l’ensemble des compétences étatiques, fin 2018, aux nouvelles autorités Kosovares.

Un tel processus devrait être accompagné, en Haïti, par l’Organisation des Etats Américains, l’Organisation Internationale de la Francophonie et L’Union Européenne qui a eu un rôle de premier plan dans l’expérience des Balkans et constitue en même temps le premier contributeur de l’aide internationale.

Tous ceux qui apportent leur soutien à Haïti doivent conditionner leur aide à l’acceptation par les élites politiques et économiques Haïtiennes d’une telle solution destinée à rétablir la paix et la sécurité et à mettre en place des institutions solides indispensables à une vie apaisée telles la police, la Justice, l’approvisionnement en denrées essentielles, et les outils de contrôle de l’utilisation des deniers publics ; avec, à terme, la tenue d’élections libres et transparentes.

Il doit être mis fin aux interminables épreuves que traverse ce pays avec l’insécurité, le manque de nourriture et de soins, et à l’avenir la désintégration totale de l’état.

C’est bien tout un peuple qui est en danger et que nous avons le devoir de secourir; et ce d’autant que l’étendue du territoire (27700 km2), sa configuration et sa population (11 millions d’habitants) permettent la réalisation d’actions sur l’ensemble du pays, à la portée des moyens que peut mobiliser la communauté internationale; avec, bien entendu, le concours de ses élites qui pourront déployer leurs talents au service de leur communauté nationale, tout comme sa nombreuse diaspora.

Il ne peut nullement s’agir d’une recolonisation ni d’une nouvelle occupation étrangère mais du témoignage de la reconnaissance des citoyens du monde et de leurs états à cette nation admirable et à son peuple, héros autant que martyre, le premier à s’être libéré, seul, et par une lutte victorieuse, de l’esclavage et de l’oppression coloniale.

C’est son existence qui est en cause aujourd’hui et il est de l’impérieux devoir de la Communauté Internationale de lui porter secours.

Crédit photo : Kristina Just


François Cantier – Avocat
Président d’honneur d’Avocats sans Frontières France
Président de l’École des Droits de l’Homme