Le crime est vieux comme l’homme; et l’esclavage fut donc de tous les temps; avec cette terrible particularité qu’il a pour fondement la négation de l’humanité de ceux qui le subissent.
Il n’est l’apanage d’aucun peuple, d’aucun continent.
Il fut le sort que les plus forts réservaient aux plus faibles et avec la guerre celui des vaincus.
L’Occident, trop souvent en avance pour le pire, l’a transformé en commerce international lorsqu’il lui fallut, découvrant de nouvelles contrées, une main d’œuvre nombreuse et gratuite; donnant à ce crime, et ce n’est pas un détail de l’histoire, une dimension odieusement massive et systématique qui a bouleversé durablement le continent Africain.
Si son regard sur les peuples asservis ne fut pas forcément lié à la couleur noire de leur peau, la Controverse de Valladolid ne concernait que les Indiens et les tous premiers esclaves en Europe furent des Slaves, le peuple Noir en fut et en est encore aujourd’hui la toute première victime, traduction d’un intolérable et apparemment irréductible racisme.
Les progrès de l’Humanité l’ont proscrit mais sans pouvoir l’éradiquer complètement et des situations liées à l’histoire, au sous développement ou à guerre le font ressurgir.
Aujourd’hui, dans toute son horreur, avec ces millions d’êtres humains qui fuient à tout prix la misère, la violence et la guerre; autant de proies idéales pour les prédateurs de toutes origines qui ont en commun leur avidité et leur totale absence de scrupules.
Mais qui pouvait penser qu’il en serait autrement?
Les pays de l’Europe? Lorsqu’ils ne cessent de créer des obstacles à la venue de migrants sur leurs territoires, lorsqu’ils multiplient les chicanes, les barbelés et les miradors pour préserver leur identité, lisez les intérêts électoraux à court terme de leur classe politique.
Lorsqu’ils négocient à grands coup de milliards le maintien de ces déshérités au delà de nos frontières, en Turquie d’abord et en Lybie ensuite; dans ce pays où il n’y a plus d’état depuis la chute du régime Kadhafi, voulue par ce même Occident, où règnent des seigneurs de la guerre qui paient leurs troupes de rapines, de viols et de traite d’esclaves?
Le Liban accueille 1,5 million de réfugiés, (soit environ 1/3 de sa population), la Turquie, près de 4 millions et l’Europe rechigne à en accueillir quelques centaines de milliers; comme elle ne parvient pas à consentir les efforts économiques et financiers indispensables pour soutenir le développement économique de pays, Africains pour l’essentiel, ou à participer activement au rétablissement de la paix au moyen Orient.
Or chacun sait que paix et développement sont les seuls moyens de fixer les populations en même temps que de les constituer en partenaires et acteurs du commerce international au bénéfice de tous.
Aujourd’hui, nous, citoyens du monde, n’acceptons plus la commission de tels crimes resurgis d’un passé terrible et que nous voulons révolu.
Nous savons que le crime est dans l’homme et que seule la société peut l’interdire et le punir; aujourd’hui et depuis la Convention internationale du 25 septembre 1926, l’esclavage est interdit sur notre planète terre; cette prohibition est reprise dans toutes les législations nationales.
Le problème est qu’il n’existe aucune autorité internationale capable de faire respecter l’ordre lorsqu’un état est défaillant et que notre planète est donc encore et toujours soumise à la loi du plus fort; en Libye celle de milices et de bandits qui collaborent étroitement pour exploiter la misère humaine.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, peut et doit, en présence d’une telle situation, prendre les mesures propres à la faire cesser; au besoin en utilisant la force des armes; l’Union Africaine doit y prendre toute sa part car ces événements se déroulent sur son Continent et que son peuple à la fois y participe et en est la première victime; et les grands pays démocratiques doivent soutenir activement ces initiatives.
Simultanément la Justice doit se mettre en marche et débuter ses enquêtes; à la fois la Justice Penale Internationale mais aussi les Justices nationales des pays d’origine, de passage et d’accueil des migrants.
Un tel déchaînement de violences ne pouvant s’expliquer que par le sentiment d’impunité qui règne dans cette partie du monde devenue préfiguration de l’enfer.
Il est grand temps d’y mettre fin et de lier toutes les institutions, nationales et internationales, politiques et Judiciaires, avec l’indispensable concours de la société civile et de ses organisations afin que cesse ce pire des crimes contre l’humanité et qu’il soit mis fin à l’impunité de ses auteurs pour que le XXI Ème siècle ne soit pas celui du rétablissement de l’esclavage mais de son éradication définitive.
François Cantier
Avocat
Président d’Honneur et fondateur d’Avocats sans Frontières France.
Président fondateur de l’Ecole des Droits de l’Homme President des OING de la Mission Paix Democratie et Droits de l’Homme de la Francophonie.