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Quel agenda pour notre Democratie?

Au fil de temps monotones, vierges d’embardées, notre classe politique s’est sclérosée, ne retrouvant un semblant de vigueur intellectuelle qu’à la veille d’échéances électorales; pour y élaborer quelques magnifiques et mirifiques programmes aussitôt mis à mal dans la confrontation aux réalités.

Aucun accélérateur qui pourrait bouleverser ce bel ordonnancement de l’alternance; mais était il souhaitable alors qu’il assurait aux principaux partis de gauche et de droite l’accès au pouvoir à intervalles quasi réguliers? Les promesses non tenues du vainqueur provoquant rapidement un mécontentement qui feraient du vaincu d’aujourd’hui le vainqueur de demain!

Avec, en contrepoint de cette impuissance, la montée de partis purement démagogiques faisant leurs choux gras des frustrations  d’électeurs désabusés.

 

Emmanuel Macron est venu rompre cette logique en se soustrayant à ce funeste enfermement des contraires qui faisait peser sur notre pays la menace d’une extrême droite toujours aussi périlleuse pour nos valeurs.

Comment? En proposant aux citoyens un projet de progrès et de liberté.

Et même s’il n’y eût que 24% de Français pour le suivre il n’en demeure pas moins que l’immense majorité de ceux qui ont voté pour lui au second tour de l’élection présidentielle ont marqué leur refus d’une vision réactionnaire, apeurée et discriminante de notre vie en société.

Ce projet trouve sa force d’avantage dans sa démarche que dans ses propositions, dans la vision de l’action publique que dans des réformes qui, forcément, feront débat et prêteront à polémique.

Découvrir des solutions positives aux innombrables défis d’un monde en perpétuelle et rapide évolution ne peut plus être l’apanage de partis engoncés dans leurs certitudes idéologiques, répétant à l’envi leurs recettes éculées mais si pratiques pour affronter un adversaire au fonctionnement similaire.

 

Ainsi nous assistons depuis des décennies à un affrontement droite-gauche qui, en fin de compte, dénature chaque camp,  déçoit les électeurs  et a fini par amener  sur le devant de la scène des partis populistes et parmi eux une extrême droite mortifère pour notre démocratie.

L’homme de gauche, fidèle du Parti Socialiste, sans aucun projet de carrière politique, fait avec tristesse ce constat.

Emmanuel Macron a compris l’impasse à laquelle nous avions progressivement abouti et dont la seule issue semblait être la formidable et redoutable régression du choix extrémiste.

Personnellement et dans un article nommé « le pari » élaboré dès août 2014 et publié début mars dernier je préconisais une nouvelle approche du projet politique fondé et référencé en permanence sur des principes plutôt que sur des programmes-promesses.

Parce que les valeurs de liberté, de justice et de progrès sont au cœur de notre histoire et transcendent les clivages politiques cristallisés et caricaturés pour les besoins de la compétition électorale; parce que la rapidité des évolutions et la complexité croissante de notre monde crée sans cesse de nouveaux problèmes que seule une pensée en mouvement peut appréhender et tenter de résoudre.

 

C’est donc avec un immense espoir qu’un grand nombre de Français et au delà de citoyens du monde accueillent ce projet.

Le seul risque, sérieux, qu’il comporte c’est qu’affranchi des composantes classiques de notre échiquier politique, notamment des représentants des forces sociales ancrées à gauche, défenseurs traditionnels des classes populaires, le nouveau pouvoir ne fasse trop de concessions aux puissances économiques et financières; si elles sont des acteurs incontournables du progrès elles sont d’abord et avant tout  à la recherche de leurs intérêts et constituent donc en permanence un danger pour nos concitoyens, notamment les plus exposés d’entre eux.

Nous savons à ce jour que notre nouveau President disposera d’une large majorité pour gouverner et que les principaux partis politiques seront durablement affaiblis.

Il reste à la société civile et à ses organisations de demeurer actives,  attentives et vigilantes aux projets qui nous seront proposés par ce nouveau pouvoir, sans préjugés ni défiance.

C’est à partir des politiques qui seront menées, des constats que nous serons amenés à dresser que pourra se reconstituer l’offre politique toujours sur base de valeurs clairement affichées et revendiquées, pour soutenir ou contrarier l’action politique qui sera menée et proposer des alternatives.

Et comme notre Democratie a son agenda nous aurons cinq ans pour évaluer la nouvelle majorité, approuver ou critiquer ses actes et savoir si la marche qu’elle nous propose nous permet d’avancer vers le monde de justice et de liberté auquel nous aspirons.

 

François Cantier

Avocat et Président d’ASF France